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COLLOQUE - 6èmes Journées de l'habiter - Quelle place pour les plus vulnérables ? De la « ville dissuasive » à la « ville solidaire ».

COLLOQUE :

Quelle place pour les plus vulnérables ? De la « ville dissuasive » à la « ville solidaire »


Dans le cadre des Journées de l’habiter – Amiens – 5 & 6 décembre 2019
Logis du Roy, Salle du Sagittaire / Journées internationales d’étude organisées par Lucie Bony (CNRS) et Marie Chabrol (UPJV)

Ci-après le résumé :
Dans un contexte d’accroissement des inégalités, notamment lié à la néolibéralisation des rapports sociaux et à la précarisation de l’emploi, nombre de travaux constatent que la ville se ferme et se fragmente aussi bien spatialement que politiquement, économiquement et socialement. Qu’elle soit qualifiée de « revanchiste » (Smith, 1996) ou de dissuasive (Terrolle, 2004), la ville a finalement tendance à rejeter les plus pauvres. Mais dans une autre perspective, la recherche urbaine s’attache également à mettre au jour les formes de régulation de ces inégalités, en montrant que la ville peut être « solidaire » (Gloor et al., 2014 ; Rousseau et al., 2014), « accueillante » (Hanappe, 2018) et conserve une fonction d’hospitalité pour les plus précaires et de réduction des inégalités. Entre la ville « revanchiste » et celle qui demeure « accueillante » existe toute une gamme de situations intermédiaires que l’on peut saisir à travers une multitude d’acteurs et à travers la manière dont une place est faite, laissée – parfois de manière contrainte – ou refusée, mais aussi saisie et défendue pour les plus précaires des habitants. Si ces tensions entre accueil et rejet, hospitalité et inhospitalité ou encore intégration et exclusion en ville ne sont pas récentes (Gotman, 2003 ; Boudou, 2017), elles ont connu toutefois un récent regain d’intérêt avec la « crise migratoire », consistant plutôt en une « crise de l’hospitalité » (Akoka et al., 2017) que connaissent actuellement les Etats européens (Bontemps et al., 2018). L’enjeu de ces journées est non seulement de développer et de valoriser des travaux articulant l’analyse des processus d’intégration et d’exclusion en ville, mais aussi de mettre en regard des recherches abordant ces questions dans des champs thématiques divers. En effet, cette problématique soulève non seulement des enjeux dans les champs de recherche sur les migrations ou la pauvreté, mais aussi sur la mobilité, le logement, l’espace public, les mouvements sociaux, etc.


Akoka Karen, Carlier Marine, de Coussemaker Solange, 2017, « "Ce n’est pas une crise des migrants mais une crise des politiques d’hospitalité" », Revue Projet, Vol. 5, n° 360, p. 77-83.

Bontemps Véronique, Makaremi Chowra, Mazo Sarah (dir.), 2018, Entre accueil et rejet : ce que les villes font aux migrants, Lyon, Le Passager clandestin, 159 p.

Boudou Benjamin, 2017, Politique de l’hospitalité, Paris, CNRS Editions, 248 p.

Gloor Marie, Lauzeral Margot, Leveugle Jean (dir.), 2014, Ville solidaire. Etat de la littérature, Paris, Rapport du PUCA, 134 p.

Gotman Anne, 2003, «Barrières urbaines, politiques publiques et usages de l’hospitalité », Les Annales de la recherche urbaine, n°94, pp. 6-15.

Hanappe Cyrille (dir.), 2018, La ville accueillante. Accueillir à Grande-Synthe. Questions théoriques et pratiques sur les exilés, l’architecture et la ville, Paris, Editions du PUCA, collection Recherche n°236, 528 p.

Rousseau Max, Beal Vincent, Faburel Guillaume (dir.), 2014, Pratiques et politiques de la ville solidaire, Paris, Rapport du PUCA, 288 p.

Smith Neil, 1996, The new urban frontier. Gentrification and the revanchist city, London, Routledge, 288 p.

Terrolle Daniel, 2004, « La ville dissuasive : l'envers de la solidarité avec les SDF », Espaces et Sociétés, n°116-117, pp. 143-157.