Conférences

Enquête sociologique sur la vidéosurveillance : Conférence-signature d'Elodie Lemaire

Echange avec Elodie Lemaire autour de son livre "L'œil sécuritaire - Mythes et réalités de la vidéosurveillance" paru à La Découverte / collection L'envers des Faits


Les caméras de vidéosurveillance sont partout : voie publique, lieux de travail, immeubles d'habitation, commerces, transports en commun, établissement scolaires, domiciles, la liste est longue… Si cette frénésie sécuritaire a fait l'objet d'abondantes critiques, elle dissimulait encore ses véritables failles : systémiques, techniques, juridiques. Car la fragilité juridique des dispositifs, leur inégale répartition sur le territoire et leurs limites technologiques sont autant d'aspects étudiés ici qui restaient dans l'ombre des critiques du tout sécuritaire.

Depuis les années 2000, les caméras de vidéosurveillance et de vidéoprotection ont envahi notre paysage urbain. Cette nouvelle manière de protéger la population fait couler beaucoup d'encre. Or, les prismes dominants (sécurité versus liberté) et les images mobilisées (du Panoptique à Big Brother, en passant parMinority Report), en disent plus sur les fantasmes collectifs que sur les réalités concrètes de ce dispositif.

Dans ce récit d'enquête, au plus près des expériences et des représentations des acteurs publics et privés qui utilisent la vidéosurveillance au quotidien, Élodie Lemaire passe au crible les idées reçues sur cet œil sécuritaire, pour mieux en identifier les vrais dangers. En nous faisant pénétrer dans les salles de contrôle et les coulisses des tribunaux, l'auteure montre que les usages de la vidéosurveillance sont loin d'être conformes à sa réputation de « couteau suisse de la sécurité » ou de « reine des preuves ». Mais ces limites cachent bien d'autres dérives bien réelles, comme la banalisation d'une idéologie qui construit progressivement notre vision sécuritaire du monde social.


Élodie Lemaire, sociologue, maîtresse de conférences à l'Université de Picardie Jules-Verne et chercheure au Centre universitaire de recherches sur l'action publique et le politique - épistémologie et sciences sociales (CURAPP-ESS), mène depuis une dizaine d'années ses recherches dans le domaine de la sécurité et de la justice.

Ligne éditoriale de la collection "l'Envers des faits": Plus que jamais, les sciences sociales doivent jouer leur rôle de « poil à gratter », qui les rend si fécondes. Contre l'essayisme et l'académisme, il y a aujourd'hui urgence à défendre une certaine idée des sciences sociales qui allie créativité et combativité, imagination et vigilance sociologiques. En proposant des travaux originaux fondés sur des données ethnographiques, statistiques ou archivistiques, « L'envers des faits » entend éclairer les grands débats contemporains pour remettre à l'endroit des réalités sociales trop souvent pensées à l'ǝnvers. (...) 

Penser l'ǝnvers des faits, c'est donner à voir les ressorts les mieux dissimulés du monde social, en restituant toute son épaisseur humaine. C'est revisiter ces faits qui semblent déjà « tout faits » pour aller à rebours des représentations ordinaires. C'est, en définitive, une invitation à pénétrer dans l'envers du décor de l'enquête.(...)