Conférences

Journée d'études : La ville intelligente au secours de la ville durable ? La smart city en questions

Journée organisée par les commissions « Villes et métropolisation » et « géographie économique » du Comité National Français de Géographie(CNFG), en partenariat avec les laboratoires TVES (Université Lille 1), Discontinuités(Université d’Artois) et Calhiste (Université de Valenciennes).

Depuis une vingtaine d’années, le terme de « smart city » (pour « ville intelligente ») s’est imposé dans le discours des professionnels de la ville. Largement promu par les multinationales de l’informatique, et utilisé pour désigner un nouveau modèle de ville fondé sur l’usage systématique des nouvelles technologies de l’information dans la gestion et la fabrique urbaine, le terme suscite phantasmes et interrogations. Il se situe dans la continuité des grandes « utopies mobilisatrices » (Gabriel Dupuy, 2014) qui jalonnent l’histoire de l’urbanisme depuis l’avènement de la ville de l’âge industriel, de la « cité radieuse » à la « ville durable ».

En confrontant le point de vue d’élus, d’acteurs du territoire et de chercheurs, issus à la fois des sciences humaines et des sciences expérimentales, cette journée d’étude entend interroger de manière critique ce mot valise.  L’objectif  est d’insister  sur  les  idéologies et les  jeux d’acteurs  qui portent  ce nouveau concept. La « ville intelligente » peut être vue comme un moyen de relancer le projet de « ville durable », à l’heure où ce dernier s’épuise dans ses contradictions. Mais cet idéal croise celui véhiculé par des acteurs industriels qui envisagent avant tout la ville comme un macro-système technique. La « smart city » peut-elle servir à relancer le projet de « ville durable » ? Représente-t-elle un transfert de pouvoirs vers les industriels ou fait- elle aussi émerger de nouvelles formes de participation citadine qui construisent avec les pouvoirs publics et les acteurs privés des modes de vie inédits ?

La Métropole européenne de Lille offre un excellent terrain pour aborder ces questions. Le campus de l’université de Lille 1 et la ville nouvelle de Villeneuve d’Ascq où il est localisé constituent depuis leurs fondations, dans les années 1960, un laboratoire d’utopies urbaines. Le campus est devenu depuis 2012, à travers le projet SunRise, un laboratoire « d’intelligence urbaine », qui profite du chantier de réhabilitation  du campus pour expérimenter de nouvelles techniques de « réseaux intelligents » à des fins de développement durable. Les débats scientifiques de la matinée se prolongeront donc l’après-midi par une visite du site d’Euratechnologies, localisé dans une ancienne usine textile, où a été construit un appartement de démonstration.