L’Education Physique et Sportive, désormais, Education Physique et à la Santé ?

Publié par Eugénie Sandoval, le 11 avril 2022   1.5k

Au Québec, des nouveaux programmes de formation ont vu le jour, impliquant la notion d’éducation à la santé dans les cours d’éducation physique et sportive.

Tout le monde a déjà participé, au moins une fois dans sa vie, à des enseignements d’Education Physique et Sportive (EPS). Tant en maternelle, au primaire, au collège et au lycée, ils font partie du programme de l’Education Nationale. Au Québec, une réforme des programmes de formation en enseignement préscolaire, primaire et secondaire, intègre l’éducation à la santé en éducation physique. Il serait alors important d’impliquer les professeurs d’éducation physique et sportive à se poser la question du bien-être des jeunes et de leur état de santé. Autrement dit, une nouvelle compétence disciplinaire est née : « Adopter un mode de vie sain et actif ».

Un cours d’EPS centré sur la transformation des habitudes de vie de l’élève ?

Cette nouvelle compétence implique des réaménagements de contenus disciplinaires afin de s’ajuster aux nouvelles exigences de l’éducation à la santé. L’autonomie de l’élève, les mesures de pulsations cardiaques et de vitesse de course sont insuffisantes pour donner envie à l’élève d’avoir une activité physique régulière et assumée. Il en faut plus pour que celui-ci s’engage à faire évoluer son comportement quotidien.

Les éducateurs du primaire sont particulièrement sélectionnés pour cette recherche. En effet, l’ajout de compétences s’adaptant aux particularités d’intervention de l’éducation à la santé cible l’enseignement primaire, selon le nouveau curriculum du Québec.

Une transformation des programmes d’enseignement en éducation physique est nécessaire pour un apport de l’éducation à la santé dans le développement global des jeunes à propos de leur état de santé et de leur bien-être.

C’est pourquoi, une étude a été réalisée afin de mettre en évidence la manière dont les enseignants voient l’intégration de l’éducation à la santé dans leurs cours. Ils ont été soumis à un questionnaire, à une observation et à une entrevue.

6 hommes et 4 femmes à l’étude…

Les volontaires, six hommes et quatre femmes, participant à l’analyse sont âgés de 24 à 51 ans et proviennent de 6 commissions scolaires des régions administratives de Montréal et de Montérégie. Les éducateurs du primaire sont « sélectionnés » suivant 3 paramètres : le sexe, l’expérience d’enseignement ainsi que le niveau de défavorisation de l’établissement scolaire (Indice de Milieu Socioéconomique). Les années d’enseignement sont variables et diffèrent entre les hommes mais aussi entre les femmes. Ainsi, il y aura des enseignants avec plus de 15 années d’expérience et d’autres avec 5 années seulement.

Afin de participer à la recherche, les enseignants avaient pour obligation de réaliser des interventions éducatives sur l’éducation à la santé en éducation physique. Cette condition est reliée à l’analyse des pratiques pédagogiques de l’enseignement en éducation à la santé.

Pendant 4 mois, les professeurs se sont soumis à trois méthodes de recherche basées sur une approche qualitative. Cela signifie que les résultats ne sont pas mesurables statistiquement mais sont interprétés. Les sujets ont été questionnés, filmés lors d’un enseignement sportif, et ont participé à une entrevue.

Un questionnaire, une observation, une entrevue…

Oui, mais pourquoi ? Vous me direz. Toute cette étude a pour but d’explorer la forme que les enseignants donnent à leurs cours d’éducation physique et sportive, en y intégrant l’éducation à la santé. Les questions reposent sur les pratiques pédagogiques de 2003-2004 et se fondent sur les savoirs essentiels tels que les bienfaits psychologiques, physiologiques et sociaux de l’éducation sportive mais aussi, sur les quatre dimensions de l’apprentissage qui sont la motricité, la cognition, l’affection et le social. Les questionnaires sont complétés de manière autonome et sans assistance par les éducateurs et les réponses sont examinées par trois spécialistes divers en éducation. Il y aura un expert en éducation physique, un en éducation à la santé et un troisième sur l’évaluation et la recherche méthodologique. Ce sont des professeurs de la Faculté des Sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal.

Concernant l’observation et l’entrevue, la première se déroulera pendant 35 à 75 minutes où les enseignants seront filmés et la seconde, soulignera les choix des pratiques pédagogiques des enseignants en éducation à la santé (Figure 1). Elle sera réalisée durant 60 à 90 minutes.

Figure 1 : Illustration mettant en évidence les questions abordées lors de l’entrevue, par Eugénie Sandoval. (Inkscape et Canva)

L’importance de la dimension physique pour les enseignants

Pour conclure, nous aurions pu le deviner : les éducateurs accordent une plus grande importance à la dimension de motricité du sport et peu à la dimension sociale.

En même temps, le sport ce n’est qu’une pratique qui vise à se mouvoir ?

Pas exactement. Certes, la pratique sportive est essentielle pour le bien-être physique mais elle est aussi primordiale pour la santé mentale et le bien-être psychologique. Ainsi, nous avons une interprétation différente des savoirs essentiels proposés par le programme initial et par les éducateurs. Ceux-ci vont s’impliquer davantage sur la pratique et sur la mobilité des enfants hors cadre scolaire, or, le programme insiste sur les bienfaits de l’éducation sportive et la santé des jeunes.

Bien que les éducateurs physiques prennent en compte les dimensions sociale et affective du sport, ils ne les intègrent pas ou peu lors des cours. Néanmoins, d’autres savoirs essentiels tels que l’alimentation, les premiers soins, l’éthique sportive, l’exercice physique et le bien-être, le sommeil, les produits toxiques et les drogues sont enseignés.

Il y a encore un peu de chemin avant que les choix des enseignements d’éducation physique et sportive s’alignent avec la nouvelle compétence de l’éducation à la santé, incluant les quatre dimensions de l’apprentissage et se basant sur tous les savoirs essentiels de la pratique sportive. (Figure 2)

Figure 2 : Les Messieurs et Madame représentatifs des bienfaits psychologiques, physiologiques et sociaux du sport avec la mise en avant d’une cohésion de groupe, par Eugénie Sandoval. (Inkscape)

Voici la source de l'article : « Les objets d’enseignement-apprentissage : éléments d’illustration de l’inclusion de l’éducation à la santé en éducation physique », Sylvain Turcotte, Joanne Otis, Louise Gaudreau (2007).

doi : https://doi.org/10.3917/sta.075.0115

Source de l'image mise en avant : "Du sport contre les troubles psychiatriques et de l'humeur" Jeanne Le Borgne, décembre 2019

Cet article a été rédigé par Eugénie Sandoval, étudiante en Master 1 MEEF Education à la Santé et au Développement Durableà l'INSPE d'Amiens.