Témoignage de Camille Cardona : « L’inclusion c’est créer des choses avec et pour le public »
Publié par Ombelliscience -, le 3 septembre 2025
Camille Cardona est Chargée des publics et de la programmation, à la mission Pays d’art et d’histoire Santerre Haute Somme, au sein du Pôle d'Equilibre Territorial et Rural du Cœur des Hauts-de-France.
Dans le cadre de sa participation au programme "Sciences pour Toutes et Tous" (SPTT) coordonné par Ombelliscience,
Camille Cardona a été interviewée par l’association le 4 juillet au sujet de sa démarche et son cheminement pour aller vers davantage d’inclusion dans ses pratiques professionnelles.
Candice Gaudefroy (CG) pour Ombelliscience : Pouvez-vous présenter votre structure en quelques mots et expliquer en quoi elle a un lien avec la culture scientifique ?
Camille Cardona (CC) : Le PETR Cœur des Hauts-de-France est une structure administrative qui travaille pour les 3 Communautés de communes de l’est de la Somme, à savoir Terre de Picardie, Haute-Somme et Est Somme, pour un total de 144 communes. On est un territoire rural, très grand. La mission Pays d’art et d’histoire est un label national donné par le ministère de la culture. Le PETR a candidaté à ce label en 2021, et l’a obtenu. L’enjeu du label est de mettre en place des actions de médiation, envers les publics, pour le Pays d’art et d’histoire. La cible principale étant le public habitant actuellement. Pour nous, dans la mise en valeur du patrimoine, il y a plusieurs thématiques. L’histoire forcément, mais aussi le patrimoine industriel avec notamment les vestiges d’usines qui ont été reconstruites après la 1ère guerre, dont celle très connue de l’usine Saint-Louis Sucre (classée monument historique il y a quelques années). Mais aussi tout ce qui est de l’ordre des énergies renouvelables (avec les actions de médiation sur l’éolien, très présent sur notre territoire), ainsi que tout ce qui est de l’ordre de l’agriculture (par exemple le patrimoine paysager, en lien avec les sols, la biologie, la Somme qui traverse notre territoire, …). Ce sont des thématiques que l’on a pu mettre en valeur par le passé.
CG : C’est quoi pour vous l’inclusion en général ?
CC : Pour moi, c’est essayer de réfléchir et faire en sorte que ces projets puissent s’adresser à un nombre important de publics, et très diversifiés. Et aussi de modifier notre façon de penser dans les institutions culturelles, de créer des choses avec et pour le public, et d’essayer de modifier notre manière de travailler pour rendre nos structures culturelles plus ouvertes.
CG : Selon vous, les sciences sont-elles naturellement inclusives ? Pourquoi ?
CC : Je pense que les sciences peuvent être naturellement inclusives, c’est plus l’accès aux sciences et le système mis en place (plutôt scolaire), qui eux sont excluants. C’est la manière d’apporter les connaissances qui elle, est excluante, et qui est à modifier pour rendre les sciences plus inclusives.
CG : Au sein de votre structure, quel a été le 1er pas concret pour être dans une démarche plus inclusive ?
CC : Déjà faire partie de la formation. Pour ma part, SPTT depuis 2 ans, ça été de questionner mes pratiques, se former également sur les diverses questions à l’inclusion et elles sont vraiment multiples. On ne se rend pas forcément compte de tout ce qui peut être mis sous le mot « inclusion ». Ensuite, c’est d’en parler avec ses collègues de travail, de mettre en place des formations. C’est ce qu’on a fait avec Marie et Arnaud l’hiver dernier avec les journées de formation. C’est aussi d’essayer de faire des tests sur des sujets. Nous, ce qu’on a essayé de mettre en place, c’est une navette culturelle l’année dernière. On a mis ensuite ce projet en partenariat avec le centre social de Ham, notamment pour les Journées européennes du patrimoine l’an dernier, lors de la soirée d’inauguration que l’on a chaque année. Leur accompagnatrice est venue avec leur minibus et les personnes bénéficiaires du centre social. On ne se rend pas forcément compte de tout ce qui peut être mis sous le mot « inclusion. » Cette année, la démarche mise en place a porté sur l’enquête scientifique menée par l’Agence Phare, sur la trame de Clémence Perronnet. On s’est tournés vers le Centre social de Ham, et on a pu mener un entretien de groupe sur la base de la trame qui avait été fournie. Il nous a donné des premières réflexions, qui ont été transmises à Clémence Perronnet pour avoir l’analyse (en septembre). Pour nous ce qui va être important, c’est de continuer dans cette réflexion sur tout ce qui est de l’ordre de la navette culturelle et de la mobilité. Notre territoire est très large, il y a beaucoup de freins liés soit à la mobilité (manque de moyens de transports), ou soit psychologiques (déplacements trop longs pour certains publics selon les distances). On va continuer notre travail avec le Centre social de Ham, et aussi entamer une réflexion avec la MEEF (ancienne Mission locale) qui se pose également ces questions sur la mobilité. Dans l’idée de proposer des activités culturelles et scientifiques sur le territoire, et voir ce qui peut fonctionner en termes de mobilité pour que ces publics viennent à nous, et faire bouger à l’intérieur du territoire du Pays d’art et d’histoire.
CG : Que vous a apporté l’accompagnement par Ombelliscience et le collectif de professionnel·les qui se forment à vos côtés dans le programme "Science pour toutes et tous" ?
CC : Une bonne dynamique de groupe, déjà, le fait d’être plusieurs et pouvoir aussi partager ses points de vue et difficultés face à la question. C’est plutôt agréable d’avoir ces moments d’échange, de se rendre compte des freins que l’on peut avoir et grâce aux points que l’on a au fur et à mesure de l’avancée de nos projets respectifs. Ça permet d’échanger, d’exposer nos points de vue sur des situations et de faire un échange de bonnes pratiques et d’idées. br> « Il y a eu pleins d’échanges riches. On ne peut qu’améliorer notre réflexion sur le sujet. » Puis après, surtout le contenu qu’on a eu grâce aux formations à la journée, notamment avec les intervenants. Il y a eu pleins d’échanges riches. On ne peut qu’améliorer notre réflexion sur le sujet. Par exemple, il y a des gens que je n’aurais pas pu rencontrer sans cette formation. « Ça permet d’échanger, d’exposer nos points de vue sur des situations et de faire un échange de bonnes pratiques et d’idées. »
CG : Si c’était à refaire, que feriez-vous différemment… À votre niveau, au sein de votre structure, et au niveau de l’accompagnement proposé par Ombelliscience ?
CC : Je pense que j’aurai préféré faire l’étude et l’entretien plus en amont, pour avoir un premier constat. Et après, c’est plus difficile car notre territoire est très large, mais en faire plus d’un serait mieux. En tout cas, c’est quelque chose que j’ai envie de continuer à faire, d’essayer de mettre en place des entretiens.